Textes et ouvrages d’Emma Goldman.
C’est à 65 ans qu’Emma Goldman a écrit ce texte, sorte de retour critique sur sa vie d’anarchiste.
« Je considère l’anarchisme comme la plus belle et la plus utile des philosophies qui aient été élaborées jusqu’à ce jour pour l’exercice de l’expression individuelle et les relations qu’il établit entre l’individu et la société. (...) Je considère ce qui est généralement vu comme le succès - l’acquisition de richesse, la prise du pouvoir ou le prestige social - comme des échecs des plus macabres. »
Le doute règne dans l’esprit des hommes car notre civilisation tremble sur ses bases. Les institutions actuelles n’inspirent plus confiance et les gens intelligents comprennent que l’industrialisation capitaliste va à l’encontre des buts mêmes qu’elle est censée poursuivre.
Depuis le début de la conflagration européenne, l’humanité a été presque entièrement anesthésiée par la mortelle folie du bellicisme, enivrée par les vapeurs délétères d’un chloroforme imprégné de sang, qui a obscurci sa vision et paralysé son cœur. En effet, à l’exception de quelques tribus sauvages qui ne connaissent ni la religion chrétienne, ni l’amour fraternel, ni les dreadnaughts, les sous-marins, les usines de munitions et les emprunts de guerre, le reste de l’humanité est plongé dans une terrible narcose. L’esprit humain ne semble s’intéresser qu’à une chose, la spéculation sur le meurtre. Toute notre civilisation, toute notre culture est concentrée sur la folle demande d’armes de destruction, si possible les plus perfectionnées.
J’assistai il y a peu de temps à une conférence prononcée par Anthony Comstock, qui est depuis quarante ans le gardien des bonnes moeurs en Amérique. Ce fut un délayage verbal des plus confus et ignorants que je n’eus jamais entendu d’aucune autre tribune.
Libre disposition de son corps, contrôle des naissances, égalité des sexes, prostitution, homosexualité, ce sont là des sujets tabous qu’il est encore aujourd’hui bien difficile d’aborder avec la même aisance que d’autres.
Emma Goldman, une révolutionnaire anarchiste active au tournant du siècle, était une féministe dans plusieurs sens du terme. Elle croyait fermement à l’égalité des hommes et des femmes, et se refusait à être limitée par son sexe.
Qu’est-ce que le patriotisme ? Est-ce le fait d’aimer le lieu où l’on est né, l’endroit où se sont déployés les rêves et les espoirs de notre enfance, nos aspirations les plus profondes ? Est-ce l’endroit où, dans notre naïveté enfantine, nous regardions les nuages défiler dans le ciel à vive allure en nous demandant pourquoi nous ne pouvions nous déplacer aussi rapidement ? Le lieu où nous comptions des milliers d’étoiles scintillantes, effrayés à l’idée que chacune d’entre elles puisse être l’un des yeux du Seigneur et fût capable de percer les grands secrets de notre petite âme ? L’endroit où nous écoutions le chant des oiseaux, et désirions ardemment avoir des ailes pour voler, tout comme eux, vers de lointaines contrées ? Ou celui où nous nous asseyions sur les genoux de notre mère, fascinés par des contes merveilleux relatant des exploits inouïs et d’incroyables conquêtes ? En résumé, le patriotisme se définit-il par l’amour pour un morceau de cette terre où chaque centimètre carré représente des souvenirs précieux, chers à notre cœur, et qui nous rappelle une enfance heureuse, joyeuse, espiègle ?
Toute personne capable d’une vie intérieure consciente et intense n’a nul besoin de l’espoir pour échapper à l’angoisse et à la souffrance mentale. Souvent la peine et le désespoir provoqués par la prétendue adaptation perpétuelle des choses comptent parmi les compagnons les plus constants de nos vies. Ils ne nous assaillent pourtant pas de l’extérieur au travers d’actes maléfiques que commettraient des individus particulièrement nuisibles.
Les critiques socialistes, mais non bolcheviks, de l’échec de la Russie affirment que la révolution a échoué parce que l’industrie n’avait pas atteint un niveau de développement suffisant dans ce pays. Ils se réfèrent à Marx, pour qui la révolution sociale était possible uniquement dans les pays dotés d’un système industriel hautement développé, avec les antagonismes sociaux qui en découlent.
La vie d’Emma Goldman est si riche que son autobiographie remplit presque mille pages en anglais. Son histoire se confond avec celle de l’anarchisme. Plus encore : son histoire débute exactement avec l’histoire de l’anarchisme aux USA.